Projet ENviol : un guide de survie à l’usage des adolescentes

Le Projet Enviol est la création d’un guide de 20 pages sur les violences sexuelles qui serait distribué gratuitement dans les collèges et les lycées de la ville de Caen, en Normandie, d’où est originaire son auteur, Anna Circé, qui est également professeur de français et qui lance un appel au financement participatif.

Viols et Agressions sexuelles par Anna Circé Ilustration de Janis Blake

Viols et Agressions sexuelles, Manuel de survie par Anna Circé
Ilustration de Janis Blake

A cette occasion, j’ai rencontré Janis Blake, qui a illustré la couverture de ce manuel, « Viols et Agressions sexuelles » et qui se compose de trois parties : avant, pendant et après.

Dans le Préambule, Anna Circé précise que le but du manuel est « d’informer les adolescents et jeunes femmes sur les violences sexuelles » et que « parce qu’elles sont particulièrement touchées par ces violences (une sur cinq) » elle cible plus particulièrement les femmes mais « que les explications données peuvent également être utiles pour les hommes victimes d’abus sexuels ».

Elle s’adresse ainsi directement aux adolescentes, en employant le tutoiement et dans un langage accessible à tous et de manière concrète.

illustration de Janis Blake

illustration de Janis Blake

Selon un sondage IFOP réalisé en 2012 auprès de jeunes femmes âgées de 18 à 25 ans pour l’association Paroles de femmes, plus des deux tiers (68 %) ont déjà été victimes de violences, surtout entre 10 et 20 ans. Elles les ont subies en moyenne pour la première fois entre 14 et 15 ans. Et pour 61 % d’entre elles, ces violences se sont déroulées dans leur école, collège ou lycée :  moqueries ou insultes sexistes (pour 66 % d’entre elles),  harcèlement (54 %),  actes violents (52 %), et agressions sexuelles (43 %). Elles sont nombreuses a en avoir parlé à une amie (63 %),  moins de la moitié à un membre de leur famille (44 %) et encore moins à en avoir référé à un membre de l’éducation nationale (8 %). Dans 92 % des cas, les violences sexistes en milieu scolaire ne sont pas sanctionnées, et c’est  le cas pour 84 % des agressions sexuelles ( source : Le livre noir des violences sexuelles par le Dr Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie).

Je suis Janis Blake,  illustrateur et j’écris également. Passionné d’Arts. Assez sensible sur la beauté des choses, aussi virtuelles que réelles.

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Fanette Crystal : Qu’est-ce qui t’a plu dans ce projet ?

L’implication pour une cause importante. Participer dans une prévention auprès de collégiens et lycéens. J’avoue que le sujet est difficile à aborder mais très prenant.

En quoi ce manuel diffère-t-il de ce qui est proposé déjà ?

La simplicité je pense… Anna s’adresse très facilement aux jeunes. Et puis les conseils sont très percutants. En quelques lignes. De quoi se référer de manière simple.

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Pour tes illustrations sur quoi t’es-tu concentré en particulier ?

J’ai essayé d’imaginer. C’était difficile au niveau émotionnel. J’ai même un peu pleuré ^^ Mais je désirais que l’on ressente l’esprit du manuel.

Pour la couverture, Anna Circé t’a-t-elle dit ce qui avait motivé son choix ?

Je crois qu’elle a choisi en fonction de ce qui pouvait ressortir. Peut-être ma sensibilité dans mon trait ? J’avais proposé une première illustration plus… « violente » qui nous avait beaucoup plu mais pas très adaptée pour un manuel pour ados.

la première illustration non retenue

la première version de Janis Blake non retenue

Tu m’as dit que tu allais rajouter 4 illustrations. Elles sont faites ?

On a vu avec Anna le sujet de ces illustrations qui correspondent au manuel.. Donc, j’ai déjà des lignes directrices très définies. J’espère les finir rapidement, je me suis imposé une dead line jusqu’à mercredi. C’est surtout du fait que le projet Enviol se termine le 31 mai et qu’elle démarche beaucoup.

Il faut savoir que la contribution pour la diffusion de ce manuel passe par KissKissBankBank et qu’il y a malheureusement une date butoir. Même si cela n’empêche pas de communiquer auprès des mairies locales de chacun.

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 As-tu d’autres projets en cours ?

Déjà, pour l’instant, niveau illustrations, j’ai une commande perso de la part d’Anna (une pin-up littéraire) et sa bannière Youtube.
J’ai aussi la correction d’un vieux roman « In Utero » que je compte diffuser au format numérique sur le web et un projet de BD qui va mettre du temps à se faire… (j’en suis au stade préparatoire, croquis et trame). Évidemment, celui-ci a été mis complètement en pause.

Il y a beaucoup d’éléments et de conseils intéressants dans ce manuel comme le fait de rappeler que la victime ne doit pas se sentir  « coupable » ou « honteuse », l’explicitation du mécanisme de survie, de bien préciser ce qu’est un viol et une agression sexuelle (par exemple certaines adolescentes ne savent pas que le fait d’être pénétrées de force avec un doigt ou un objet est un viol, tout comme 24 % des Français considère qu’une fellation relève de l’agression sexuelle et non du viol), ce qui se passe lorsqu’on dépose plainte, les délais de prescription (10 ans pour un viol et 3 ans pour une agression sexuelle), les peines encourues pour l’agresseur (15 ans de réclusion criminelle en cas de viol), les possibles conséquences physiques et psychologiques (troubles du sommeil, alimentaires ou sexuels, dépression, agoraphobie…) et la partie « que faire pour aller mieux ? »qui donne des pistes pour se reconstruire est très importante aussi car il est primordial de reprendre possession de son corps après un traumatisme et « de rétablir une connexion entre ton corps et ton esprit » et de souligner que « Tu as été victime un jour mais tu ne le resteras pas tout au long de ta vie. »

J’ai quelques remarques à formuler sur certains points du guide : au niveau du langage, je pencherais davantage sur « Personne ne pense être agressé  » plutôt que « Personne ne pense se faire agresser  »  (le choix des mots est porteur de sens) , il manquerait aussi peut-être le côté prévention afin de libérer la parole sur le regard porté sur la sexualité et l’image de la femme véhiculée par la pornographie et les jeux vidéos par exemple et une responsabilisation des « garçons » comme partie prenante (non pas dans la culpabilisation mais dans l’empathie et la prise de position, les auteurs des violences étant principalement de sexe masculin), l’importance pour la victime d’être accompagnée et soutenue par une personne de confiance lors du dépôt de plainte au commissariat ou à la gendarmerie, les examens à l’hôpital et les différentes démarches et pourquoi pas une « liste » d’associations d’aide aux victimes avec adresses et numéros de téléphone, avec leurs antennes locales,  avec si possible une personne référente ou de structures hospitalières spécialisées dans l’accueil des victimes d’agression comme le CAUVA à Bordeaux *. Qu’en penses-tu ?

Oui… Tu as raison sur tous ces points. Je suppose que le manuel va vers « l’essentiel ». Après… point par point, cela mérite effectivement une réflexion. De ce qui est de « se faire » ou « être » agressé(e), je pense en parler en privé avec Anna.  Enfin, je te rejoins entièrement sur la partie responsabilisation côté « garçons ». Et je pense que cela mériterait même un chapitre à part. Trop d’amalgames sur la pornographie qui reste une fiction et qui est prise de manière trop… réelle par la plupart des jeunes.

Certains sont capables de faire la différence et d’autres pas. Et effectivement, on ne peut pas « tout » traiter dans un guide, un manuel de « survie ». D’ailleurs, Anna Circé le précise en préambule, il peut servir de base,  c’est « un outil de dialogue », « dans les établissements scolaires, les associations » et « la sphère privée. »

Grâce à un financement participatif, le manuel est prévu pour être imprimé et distribué gratuitement aux 18 500 collégiens et lycéens de Caen mais il me semble qu’il serait utile qu’il puisse être diffusé à un niveau national, avec le soutien de l’Education Nationale. Mais c’est un autre parcours du combattant qui débuterait alors…

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Pour soutenir le Projet Enviol c’est ici (et jusqu’au 31 mai) : http://www.kisskissbankbank.com/projet-enviol-un-manuel-de-survie-pour-les-victimes-de-violences-sexuelles

Projet Enviol sur FB : https://www.facebook.com/Projet-Enviol-654795737970130/?fref=ts

Pour en savoir un peu plus sur Janis Blake : http://janisblakeart.com/#_

Repères statistiques : http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/reperes-statistiques-79/

*Le CAUVA, au CHU Pellegrin à Bordeaux, est une structure qui accueille en urgence les victimes d’agression et qui regroupe dans un même lieu des professionnels de santé, de la justice et de l’action sociale : https://www.chu-bordeaux.fr/Les-unités-médicales/Cellule-d-accueil-d-urgences-des-victimes-d-aggression-(CAUVA)/Découvrir/

 

 

 

Une réflexion sur “Projet ENviol : un guide de survie à l’usage des adolescentes

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